Bobigny – Un rassemblement pacifique avant tout

Samedi 11 février 2017, un rassemblement contre les violences policières était organisé devant le Tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Cette manifestation avait comme mot d’ordre la Justice pour Théo, jeune aulnaysien mutilé par une déchirure anale de 10 cm à cause de l’insertion violente d’une matraque par des policiers de la BST (Brigade Spécialisée de Terrain).

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©Alexis Leclerc–Dalmet

Les politiques et institutions manient encore la langue de bois puisque le mot « viol » n’est que rarement employé pour décrire les événements et est bien souvent avancé comme une revendication. Rappelons toutefois que, selon l’article 222-23 du Code Pénal, le viol est définit comme « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise. » Les débats qui apparaissent autour de la pertinence de ce terme dans le cadre de l’affaire Théo apparaissent ainsi bien ridicules, bien que l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) l’ait explicitement réfuté au profit du terme « d’accident », qui a entrainé de vive réactions sur les réseaux sociaux.

La manifestation de samedi démarrait de manière totalement pacifique. S’enchaînaient les discours de militants, d’engagés associatifs, d’habitants de cités…  Tous appelaient à une manifestation silencieuse et exemplaire, afin de faire valoir leurs revendications à l’encontre des violences et bavures policières. Des slogans plus ou moins pacifiques se faisaient entendre : « Justice pour Théo » ; « Justice pour Adama » ; « Pas de Justice, pas de Paix » ; « Flics, Violeurs, Assassins »…

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©Alexis Leclerc–Dalmet

Cependant, après une heure d’interventions, une agitation mineure se déchaina à l’arrière de la manifestation et des casseurs déclenchèrent des affrontements avec les forces de l’ordre en place. Au loin, on apercevait le véhicule de RTL incendié alors même que la grande majorité des personnes rassemblées pacifiquement appelaient les casseurs à les rejoindre, dans le calme.

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©Alexis Leclerc–Dalmet

Les intervenants invitèrent les manifestants à se disperser, cependant des bombes lacrymogènes se faisaient déjà sentir : mouvements de foule et panique en découlèrent. On voyait des personnes âgées et des enfants pris de quintes de toux, des personnes affolées qui ne savait comment quitter la zone : toutes les sorties étaient enveloppées de gaz, manifestants pacifiques et casseurs étaient enfermés. Ceux qui avait sur eux un foulard où une étouffe semblait légèrement mieux respirer dans cette atmosphère épouvantable de violence palpable.

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©Alexis Leclerc–Dalmet

L’immense majorité des manifestants qui étaient venus en paix furent assimilés à des « racailles » sur les réseaux sociaux ou par les politiques et la revendication honorable et pacifique fut ensuite discréditée par les médias à l’affut du buzz, usant de la peur et de la violence pour arriver à leurs fins.

Ils étaient là pour manifester contre les violences policières, rejetés de force à coup de gaz dispersants, il ne sera guère étonnant de les revoir bientôt, plus en colère encore… Rappelons toutefois que la liberté de manifester, au même titre que la libre information, est une forme de contre-pouvoir nécessaire à la démocratie : pourtant ces deux dernières semblent en grande instabilité aujourd’hui. Un avis de tempête en vue des élections présidentielles ?

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